Pourquoi les tarifs des mutuelles santé augmentent

Publié le 22/10/2025
  • Mutuelle

Chaque année, les tarifs des mutuelles santé évoluent, impactant le budget des Français. En 2025, cette hausse moyenne entre 6% et 10% s’explique par plusieurs facteurs liés aux changements économiques, aux nouvelles règles en matière de santé, et à une population qui vieillit.
Pour 2026, une nouvelle taxe importante et d’autres réformes sont prévues, ce qui pourrait rendre la situation encore plus difficile.
Cet article vous explique de manière simple pourquoi les cotisations augmentent, quels sont les principaux leviers de ces évolutions, et ce que cela signifie pour votre couverture santé.

Une fiscalité des contrats sous tension

Les mutuelles ne sont pas soumises à la TVA mais à la Taxe de Solidarité Additionnelle (TSA). Aujourd’hui, elle représente 13,27% des cotisations collectées, soit plus de 1 € sur 8 reversé directement à l’État.
Le PLFSS 2026 introduira une taxe complémentaire exceptionnelle de 2,05%, destinée à générer près d’un milliard d’euros de recettes pour la Sécurité sociale afin de compenser un déficit prévu de 17,5 milliards d’euros. Ce nouvel impôt temporaire portera la fiscalité globale des contrats santé à plus de 16%, un record européen.
Malgré leur rôle social, les assureurs devront répercuter tout ou partie de cette charge, impactant nécessairement les cotisations.

Le double effet de l’inflation et des transferts de charges vers les mutuelles

Depuis 2023, plusieurs mesures ont réduit la part remboursée par l’Assurance Maladie :
•    Les soins dentaires sont passés de 70% à 60% de remboursement.
•    Les consultations médicales sont dorénavant remboursées à 60% au lieu de 70%.
Ces baisses sont compensées par les mutuelles, qui absorbent un surcoût estimé à plus d’un milliard d’euros par an.
Parallèlement à l’inflation générale, les revalorisations des tarifs médicaux — consultation généraliste à 30 €, prix des soins infirmiers, kinésithérapie — alourdissent les coûts. Les frais de gestion des mutuelles (salaires, loyers, informatique) augmentent aussi, précipitant la hausse des cotisations.
Les remboursements versés aux assurés ont progressé de plus de 6,4% en 2023, alors même que la croissance économique nationale reste inférieure à 1%. 
Ce déséquilibre entre recettes (cotisations) et dépenses (remboursement des soins) conduit inévitablement à des réajustements tarifaires, pour maintenir l’équilibre économique et garantir la qualité des prestations offertes.
En résumé, l’inflation agit comme un effet de ciseaux :
•    les dépenses explosent,
•    les recettes ne progressent pas au même rythme,
•    les cotisations doivent être ajustées pour préserver la viabilité du modèle mutualiste.

Le 100% santé : un progrès social mais qui a un coût croissant

Le dispositif 100% Santé, mis en place entre 2019 en 2021, permet aux assurés d’obtenir un reste à charge nul sur certaines lunettes, prothèses dentaires et auditives. Mais son coût est supporté en grande partie par les mutuelles qui remboursent la part restante non couverte par l’Assurance Maladie.
Depuis sa mise en œuvre, il a entraîné une augmentation des dépenses estimée à 500 millions d’euros, un chiffre toujours en hausse. Et cela ne s’arrête pas là : de nouvelles extensions sont prévues, notamment pour les fauteuils roulants, pris en charge à 100% dès fin 2025.
Ce progrès social essentiel contribue donc aussi à la hausse structurelle des coûts de l’assurance santé.

Le vieillissement : une tendance durable et inévitable

L’un des facteurs les plus déterminants reste l’âge de l’assuré. Les cotisations d’assurance santé reposent sur un principe fondamental de mutualisation du risque : chacun contribue selon sa situation pour que tous puissent être bien couverts. 
Le vieillissement de la population constitue un autre levier impactant la hausse :
•    les plus de 65 ans consomment deux fois plus de soins médicaux que les moins de 40 ans.
•    d’ici 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans.
Les complémentaires adaptent donc leurs grilles tarifaires en fonction :
•    des dépenses moyennes observées par tranche d’âge,
•    des garanties souscrites (optique, dentaire, hospitalisation),
•    du lieu de résidence, les coûts de santé variant selon les régions.
En moyenne, un assuré de 36 à 49 ans paie entre 75 à 90 € par mois, tandis qu’un assuré de plus de 66 ans dépasse 130 € par mois. Cette évolution permet de préserver l’équilibre financier de la solidarité intergénérationnelle : les plus jeunes cotisent souvent au-dessus de leurs besoins immédiats pour contribuer à la couverture des plus âgés.
Le vieillissement global de la population entraîne une demande croissante de soins, un coût plus élevé pour les systèmes collectifs et donc une revalorisation constante des cotisations pour préserver la solidarité intergénérationnelle.

Les évolutions clés du PLFSS 2026 : participation accrue des assurés

Le PLFSS 2026 s’articule autour d’une logique de responsabilisation financière et d’économies ciblées :
•    doublement des franchises médicales : passage de 1 € à 2 € par boîte de médicament, et de 2 € à 4 € pour une consultation, avec un plafond annuel de 100 €.
•    encadrement du 100% ALD : seules les prescriptions directement liées à une affection longue durée seront remboursées intégralement.
•    recentrage des remboursements : environ 300 millions d’euros d’économies prévues sur les soins jugés les moins prioritaires.
Conséquence directe, les mutuelles devront compenser ce désengagement partiel, provoquant mécaniquement une nouvelle pression sur les contrats en 2026.

Ce qu’il faut retenir

Les hausses des tarifs des mutuelles sont dues à plusieurs facteurs qui s’additionnent :
•    une fiscalité plus lourde qui fait peser davantage de charges sur les mutuelles,
•    une inflation qui fait augmenter le coût des soins et des frais de gestion,
•    une baisse des remboursements de l’Assurance Maladie,
•    un élargissement du dispositif 100% Santé qui améliore l’accès aux soins mais augmente les dépenses des mutuelles,
•    et le vieillissement de la population qui entraîne plus de besoins en santé.
Pour 2026, ces facteurs seront renforcés par le doublement des franchises médicales, c’est-à-dire la part que chaque patient devra payer directement pour certains soins, ainsi que par un recentrage des remboursements publics.
Cela veut dire que les mutuelles devront continuer à ajuster leurs tarifs pour garantir à la fois un accès aux soins pour tous et un système juste pour l’ensemble des assurés.

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